Le Festival de Danses et Cultures Aborigènes de Laura

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Le festival aborigène de Laura a été pour nous une occasion unique de découvrir la culture aborigène contemporaine d`Australie. Une culture qui, à première vue, semble presque oubliée ou tenue en vie dans les grandes villes uniquement pour des besoins touristiques. Mais comme nous en avons eu la preuve à Laura, la culture aborigène est encore très forte dans certaines régions et vécue à fond par les diverses communautés.
Le festival de Laura a lieu tous les deux ans au sud du Cape York et attire de plus en plus l`intérêt du public et des participants. Comme dans de nombreuses régions en Australie, les différentes tribus aborigènes du Cape York ont incroyablement souffert de l`arrivée des hommes blancs aux 19ème et 20ème siècles. La lutte contre cette invasion, les nouvelles maladies importées par les blancs et contre lesquelles les aborigènes n`avaient pas d`immunisation et la ségrégation raciale sont les facteurs majeurs qui ont vu la population aborigène se réduire considérablement en quelques décennies. Et de nos jours, la lutte n`est pas terminée. Après tous ces malheurs, la communauté indigène australienne continue à lutter pour être reconnue dans son propre pays: lutter pour récupérer sa terre, conserver la culture, les traditions et leur manière de vivre.
Dans cet esprit, plusieurs tribus du Cape York se sont réunies pour la première fois en 1971 afin de revitaliser leurs danses et leur culture. Ce fut le début d`une longue tradition. De 1971 à 1981, ce petit festival ambulant s`est ainsi déplacé dans les divers communautés aborigènes du Cape. Depuis 1981, cet échange culturel a lieu à Laura et les communautés aborigènes du nord-est de l`Australie s`y réunissent tous les deux ans.Gagnant chaque année en volume, le festival attire désormais plusieurs centaines de danseurs - de 4 à 64 ans - et encore plus de spectateurs, pour la plupart blancs.Bien que ce festival ne soit pas loin d`une grosse entreprise touristique destinée à récolter de l`argent, cela reste une incroyable opportunité pour être témoin de la culture aborigène du pays telle qu`elle est vraiment vécue.Une opportunité vraiment rare, même en 6 mois de voyage ici! Les organisateurs et danseurs sont fiers de leur culture, veulent la transmettre aux plus jeunes générations et montrer au monde entier combien leur culture est vivante et importante. Ce festival n`est pas seulement un spectacle mais un véritable moment d`échange entre "noirs" et "blancs".
De vendredi midi à dimanche soir, nous passons trois jours à camper au bord du fleuve de Laura, comme tous les participants et spectateurs. Le spectacle est presque continu: la journée, les troupes de danseurs se succèdent sur la piste improvisée en pleine nature. Chaque troupe représente un village, une communauté ou une région et effectue ses danses traditionnelles.Les danseurs portent des costumes traditionnelles se composant souvent d`un tissu autour des hanches et de motifs traditionnels peints sur leur corps, parfois de plumes sur la tête. Chaque danse est accompagnée d`une musique assez simple: le didgerodoo ou deux boomerangs frappés l`un contre l`autre sont le plus souvent utilisés pour marquer le rythme.Les danses sont toujours très imagées car elles racontent des histoires: la récolte de miel dans les arbres, le danger des crocodiles à la pèche, la chasse au kangourou... Et bien que les sujets soient semblables d`une tribu à une autre, les styles de danses sont très différents.Cette année, une vingtaine de groupes est venue danser au festival en provenance du Queensland central, du Cape York et d`Arnehm Land. Pour la première fois, des danseurs des îles du Torres, entre l`Australie et la Nouvelle Guinée étaient également présents. Notamment dans leurs danses, nous avons pu nettement voir la différence de culture entre ces deux peuples: les aborigènes du nord-est et les habitants des îles Torres (considérés souvent à tort être aussi aborigènes car ils sont aussi australiens). Les îles Torres ont été peuplées il y a 2.000 ans seulement par des peuples venus de Mélanésie et Polynésie, alors qu`on estime que les aborigènes ont atteint l`Australie en provenance de Nouvelle Guinée il y a plus de 40.000 ans! Mais du fait de leur isolement, les habitants des îles du Torres n`ont pas été si cruellement affectés par la présence des hommes blancs et ont pu mieux préserver leur culture au cours des siècles.Les groupes de danseurs venus au festival étaient très différents dans leur structure: certains composées de quelques "hommes d`âge murs" , d`autres sortis de l`école de danses pour enfants, accompagnés de leur professeur ou enfin des grands groupes représentant une communauté où tous les âges sont représentés. On danse en famille!
Chez tous les danseurs, on pouvait sentir l’excitation de rentrer sur scène et la fierté de participer à un tel événement. Entre deux performances, nombreux étaient les danseurs qui regardaient les autres groupes en train de faire leur spectacle. On compare les pas de danses, les costumes... et surtout, on espère être le meilleur à la fin!En effet, car même si tout le monde est là pour la culture et le plaisir, le festival n`en reste pas moins une compétition et chacun fait de son mieux pour la remporter, apportant ainsi gloire et fierté à sa propre communauté.Et la sélection n`est pas facile!Pour les spectateurs, la compétition est également ouverte, pas pour les danses mais pour le didgeridoo et le lancer de flèches à la manière aborigène.
Au cours de ces trois jours de festival, nous n`avons vraiment pas eu le temps de nous ennuyer. Les danses de la journée à peine terminées, le programme de la soirée commençait: concerts de musique Rock. Des groupes aborigènes viennent jouer leurs nouveaux hits sur la petite scène de campagne. Devant eux, le public mélangé (hippies, aborigènes, voyageurs...) danse au rythme de country, raggae ou rap. Les barrières dues à la couleur de peau ou à l`âge sont inexistantes!

               


Malheureusement, nous n`étions pas autorisés à photographier les danses effectuées pendant le festival. C`est pourquoi notre article est agrémenté de photos prises dans les coulisses ou au camping, où l`ambiance était aussi bien marrante!